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Nuit à la grande robe

  • Photo du rédacteur: Corpoesia
    Corpoesia
  • 28 avr.
  • 3 min de lecture

O ma Nuit étoilée je t'ai créée la première

Toi qui endors, toi qui ensevelis déja dans une Ombre éternelle

Toutes mes créatures

Les plus inquiètes, le cheval fougueux, la fourmi laborieuse,

Et l'homme ce monstre d'inquiétude

Nuit qui réussis a endormir l'homme

Ce puits d'inquiétude

A lui seul plus inquiet que toute la création ensemble.

L'homme, ce puits d'inquiétude

Comme tu endors l'eau du puits

O ma nuit à la grande robe

Qui prends les enfants et la jeune Espérance Dans le pli de ta robe

Mais les hommes ne se laissent pas faire.

O ma belle nuit, je t'ai créée la première

Et presque avant la première

Silencieuse aux longs voiles

Toi par qui descend sur terre un avant-goût

Toi qui répands de tes mains, toi qui verses sur terre

Une première paix

Avant-coureur de la paix éternelle

Un premier repos

Avant-coureur du repos éternel.

Un premier baume, si frais, une premiere béatitude

Avant-coureur de la béatitude éternelle

Toi qui apaises toi qui embaumes, toi qui consoles

Toi qui bandes les blessures et les membres meurtris.

Toi qui endors les cœurs, toi qui endors les corps

Les coeurs endoloris, les corps endoloris, Courbaturés,

Les membres rompus, les reins brisés

De fatigue, de soucis, des inguiétudes Mortelles,

Des peines

Toi qui verses le baume aux gorges déchirées d'amertume

Si frais

O ma fille au grand cœur je t'ai créée la première

Presque avant la première, ma fille au sein immense

Et je savais bien ce que je faisais.

Je savais peut-être ce que je faisais.

Toi qui couches l'enfant au bras de sa mère L'enfant tout éclairé d'une ombre de sommeil Tout riant en dedans, tout riant secret d'une confiance en sa mère.

Et en moi,

Tout riant secret d'un pli des lèvres sérieux

Toi qui couches l'enfant tout en dedans gonflé, débordant d'innocence

Et de confiance

Au bras de sa mère.

Toi qui couchais l’eenfant. Jésus tous les soirs

Au bras de la Très Sainte et de l'Immaculée

Toi qui es la sœur tourière de l'espérance.

O ma fille entre toutes première.

Toi qui réussis même,

Toi qui réussis quelquefois

Toi qui couches l'homme au bras de ma Providence Maternelle

O ma fille étincelante et sombre je te salue

Toi qui répares; toi qui nourris, toi qui reposes O silence de lombre

Un tel silence régnait avant la création de l'inquié tude.

Avant le commencement du règne de linquiétude

Un tel silence régnera, mais un silence de lumière

Quand toute cette inquiétude sera consommée

Quand toute cette inquiétude sera épuisée. Quand ils auront tiré toute l'eau du puits

Après la consommation, apres l'épuisement de toute cette inquiétude

D'homme.

Ainsi ma fille tu es ancienne et tu es en retard Car dans ce règne dinquiétude tu rappelles, tu commémores, tu rétablis presque,

Tu fais presque recommencer la Quiétude antérieure

Quand mon esprit planait sur les eaux.

Mais aussi ma fille étoilée, ma fille au manteau sombre tu es très en avance, tu es très précoce

Car tu annonces, car tu représentes, car tu fais presque commencer d'avance tous les soirs

Ma grande Quiétude de lumière Eternelle. Nuit tu es sainte,

Nuit tu es grande.

Nuit tu es belle.

Nuit au grand manteau

Nuit je t'aime et je te salue et je glorifie te et tu es grande fille ma et ma créature

O belle nuit, nuit au grand manteau, ma fille au manteau étoilé


Charles Péguy


 
 
 

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